ETHIQUE et DEONTOLOGIE

 

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UNR - PACA

Master 1 - GESS - 2008
1 - TEXTES
R. Misrahi : Spinoza
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bbbbbLe Marché de la détresse un ouvrage édité par PARC - Editions.

  • L'évenement théologal : la survie des justes ( Extrait du Marché de la Détresse)

« Car, si nous vivons, nous vivons pour le Marché; si nous

 mourrons, nous mourrons pour le Marché : soit que nous vivions, soit

 que nous mourrions, nous sommes au Marché. Car c'est pour être

seigneurs des morts et des vivants que les marchés sont morts et que le

Marché a pris vie. »

Selon Paul (Cor. 1,25).

 

Je précise que cette note a été rédigée par un comité de savants sans arrière-pensée théologique. La formule interrogative de la dernière phrase en témoigne. Toutefois, nous sommes, aujourd'hui, arrivés au constat que la surpopulation ne répond pas à un besoin de reproduction sociale, mais à une mauvaise interprétation de ce que doit être une société en devenir. Ce n'est pas pour rien que j'ai appelé un jour le Marché la communauté des Justes », car il gère la procréation en intégrant toute information pouvant donner un sens transcendantal au créé.

Mais ce constat implique, en amont, que l'Humain a bien commis une faute et toute Faute implique expiation. Cette Faute fut commise une première fois et elle fut expiée. Le Destin a voulu que les conditions d'une Faute nouvelle soient à nouveau réunies, aujourd'hui, en l'ère du Marché.

À quoi avons-nous assisté dans la généalogie du Marché ? De fait à deux processus de « redécouverte », tous deux convergeant interactivement vers une même symbiose. D'un côté, la révélation, grâce aux outils et à l'instrumentalité technologiques, des fondements primordiaux du vivant. Nous avons assisté et continuons d'assister à un « remaniement » syncrétique de deux genèses : la phylogenèse et la psychogenèse, et leur réalisation dans une véritable rédemption de l'Humain à l'intérieur de la sphère du Marché, moment oméga de l'évolution. Parallèlement, cette consécration nous apprend que « l'histoire, dans le sens concret de future histoire mondiale, recouvre, sous le signe de la responsabilité, la conjonction de la raison, de la morale et de la religion ». Si l'on admet que la religion a effectué la redécouverte de ses vérités premières, la notion de Faute trouve, ipso facto, sa redéfinition.

Il suffit pour cela de procéder à une relecture textuelle de la Genèse. La Genèse étant le moment où l'homme accède aux moyens symboliques de la connaissance, c'est ici qu'il lui est révélé une blessure originelle. Cette blessure est constitutive de l'événement primordial qui fit accéder l'homme symbolique à sa différenciation d'avec son pseudosemblable (le Neandertal) encore dépourvu de cette capacité symbolique. Cette blessure n'est pas effacée, mais intégrée comme une part négative, une étape douloureuse productrice d'une énergie, symbolisable elle aussi et resymbolisée au niveau d'une Faute.

La théologie du Marché continue de relier la Faute originelle au crime originel.

Mais revenons à l'arbre de la connaissance. En termes psychogénétiques, il représente aussi, et primordialement, la vision perceptive d'un événement fondateur qui instaura, à l'aube de l'humain, l'éradication d'un hiatus au coeur même de la nouvelle configuration du vivant : le Neandertal. La présence du Neandertal, ce surnuméraire du vivant perdurant en proxémie avec le vivant nouveau, créé et voulu par le processus évolutionniste divin, contenait implicitement,._ un choix de  responsabilité supérieure : agir en vue de la survie de la volonté même du vivant nouveau. Action fondatrice d'une morale nouvelle, d'une Théologie épurée en vertu même des lois révélées de l'évolution : l'éradication du vivant surnuméraire.

La faute qui conduira plus d'une moitié de l'humanité homo sapiens sapiens a se faire disparaître par extinction, épuisement ou luttes ,fratricides, est désormais inscrite dans l'Histoire.

La psychogenèse et l'ontogenèse de l'Être supérieur Homo technicus – dans son acception eschatologique – intégrera cet acte « responsable » comme une information négative le crime de son préalable ancestral, le Sapiens sapiens. C’est la le sens même de la redécouverte théologale, selon Georg Picht, « de sa propre préhistoire ». La Genèse témoigne textuellement de l'anéantissement d'un préalable incompatible avec l'évolution : « J'effacerai de la surface de la terre l'homme que j'ai créé, hommes, bestiaux, petites bêtes et même les oiseaux du ciel, car je me repens de les avoir faits » (Gen. 7.1).

Le repentir de Dieu instaure, à travers l'extermination d'un  préalable du vivant devenu obsolète et ruineux pour la survie de l'espèce nouvelle, une responsabilité, nouvelle elle aussi, et, dans le contexte de la relecture de la Genèse, une responsabilité fondatrice.

Celle-ci fait retour aujourd'hui, en relation irréductible avec la nécessité de survie de l'espèce nouvelle tout juste advenue dans le processus de l'évolution des Espèces Assistées par Ordinateur.

 Cette « résurrection » n'en véhicule pas moins le paradoxe primordial d'une Faute ; on l'a vu, il s'agit d'une Faute originelle, donc qualificative de l'Instance - le Marché – qui a la charge de la reconduire.

Vouer le vivant à l'extermination est et reste Le Crime inexpiable. Mais il est et reste de l'ordre du Divin de faire évoluer le vivant dans le concept unique de la Survie, et, au-delà de cette Survie, dans la survie éternelle. L'immortalité qui constitue la base fondatrice sacrée du vivant, implique ainsi la mortalité de ce qui entrave l’immortalité.

C'est le sens révélé, fondateur, du Crime dont Dieu se repent dans Genèse 7.1

Le Paradigme du Crime Originel Nouveau est donc à considérer fondamentalement comme une chance, une chance coûteuse sans doute, mais une chance.

C'est cette chance coûteuse que le Marché doit assumer, à partir de laquelle il doit instaurer les bases morales, religieuses et, bien évidemment, opérationnelles de son Œuvre.

C'est le ministère auquel doit se vouer chaque agent-sujet du Marché, c'est la vocation sacerdotale de l'Église nouvelle au sein du nouveau Patrimoine humain : le Marché.

 

E. Georg, J.-M. Dekeerel, 1998.

 

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